La réunion touchée par une épidémie de Dengue

Une épidémie de Dengue qui ne s’arrête pas

Depuis plus d’un an, la Réunion fait face à une grave épidémie de Dengue. L’hiver austral (juillet-août à la réunion) qui se traduit par des températures plus fraîches aurait dû permettre de stopper la propagation du virus de la Dengue, ce qui n’a malheureusement pas été le cas cette année. Le retour de la saison pluvieuse et le maintien de foyers de transmission de Dengue à l’ouest de l’île laissent craindre à nouveau une crise épidémique majeure.

Cette prédiction se confirme aujourd’hui, car, comme l’explique Frédérique Simard, chercheur à l’Institut de recherche et de développement (IRD) à Montpellier, « Depuis le 1er janvier 2018, on compte déjà 324 cas de dengue alors qu’en 2017 on en a recensé 418 ». (Au 26 Mars, le chiffre est passé à 434 cas observés).

De plus, l’institut de veille sanitaire Océan indien, émanation de l’agence régionale de santé (ARS) de l’Océan Indien vient d’annoncer une phase d’alerte épidémique (en mars 2018) et a déclenché le niveau 2B du plan ORSEC de lutte contre les arboviroses. Ce niveau d’alerte correspond à une intensification de la circulation virale risquant d’évoluer vers une épidémie, et prévoit de mobiliser divers acteurs dans la lutte contre les moustiques par le biais de différentes actions : nettoyage et entretien des espaces publics sur l’ensemble de l’île, communication et information, préparation à la mobilisation de renforts en cas de déclenchement du niveau épidémique, formation et préparation des professionnels de santé.

En réponse au déclenchement de ce niveau d’alerte, diverses associations de l’Île de la Réunion ont organisé des réunions d’information et de sensibilisation. Elles rappellent ainsi, dans le cadre de la lutte contre la dengue, les bons gestes à adopter pour limiter la prolifération des moustiques : limiter les sources d’eaux stagnantes en couvrant de bâches les potentiels réceptacles d’eau, port de vêtements longs, sprays répulsifs

Malgré les opérations mises en place, l’Agence régionale de Santé dresse un constat assez négatif, en soulignant que  l’évolution de «l’épidémie de dengue en cours devrait se maintenir au cours des semaines à venir avec les conditions météorologiques actuelles propices au développement du moustique vecteur ».

Une lutte compliquée

Il n’existe à ce jour aucun traitement contre le virus de la Dengue, et de récents essais pour la mise en place d’un vaccin contre la Dengue se sont soldés par un échec face à la difficulté que présente ce virus : il existe 4 souches différentes qui rendent le traitement par un seul vaccin quasi-impossible pour le moment.

Face à l’absence de traitement, la prévention demeure le moyen le plus efficace de prévenir la transmission du virus. Bien que les stratégies de lutte aient parfois permis de limiter la transmission du virus, les épidémies de Dengue continuent de gagner de nouvelles zones géographiques, et comme le rappelle l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « Il existe un besoin grandissant en santé publique d’interventions préventives efficaces contre la dengue, une maladie causée par 4 virus correspondant aux sérotypes 1 à 4. Disposer d’un vaccin sûr, abordable et efficace contre les 4 souches du virus de la dengue représenterait une avancée majeure dans la lutte contre cette maladie et un outil important pour atteindre l’objectif de l’OMS consistant à réduire d’au moins 25% la morbidité due à cette maladie et d’au moins 50% la mortalité associée d’ici 2020. »

Les conseils de l’OMS face à l’épidémie de Dengue

L’OMS rappelle également les meilleures stratégies pour empêcher ou prévenir la transmission du virus de la Dengue :

-empêcher les moustiques d’accéder aux habitats de ponte par la gestion et la modification de l’environnement;

-éliminer les déchets solides de manière appropriée et de supprimer les habitats artificiels résultant de la présence humaine;

-couvrir, de vider et de nettoyer les récipients de stockage domestique de l’eau chaque semaine;

-répandre des insecticides appropriés sur les récipients extérieurs de stockage de l’eau;

-utiliser des dispositifs de protection individuelle dans les foyers, tels que moustiquaires, vêtements à manches longues, matériaux traités avec un insecticide, serpentins anti-moustiques et vaporiseurs;

-améliorer la participation et la mobilisation des communautés en faveur d’une lutte antivectorielle durable;

-épandre des insecticides sous forme de pulvérisations spatiales pendant les flambées en tant que mesure de lutte antivectorielle d’urgence;

-surveillance et suivi actifs des vecteurs devront être exercés pour déterminer l’efficacité des interventions de lutte.

 

carte dengue 2016 OMS