La saison des moustiques 2014 a démarré plus tôt

La saison 2014 s’annonce avec un certain nombre de spécificités : une certitude, un questionnement et des raisons d’être vigilants

 

La certitude : la saison des moustiques a démarré plus tôt que d’habitude.

Il ne faut pas prendre 2013 en référence, année  lors de laquelle la saison a démarré tard (Juin), après un Printemps très frais. Mais alors qu’habituellement, la saison des moustiques commence en plutôt en Avril, les différents EID (Entente Interdépartementales de démoustication) constatent dès maintenant dans le Sud de la France que la saison a bel et bien démarré, depuis une quinzaine de jours : l’hiver a été doux (et pluvieux dans certaines régions), et les premières chaleurs arrivant, avant même le Printemps, les premiers moustiques apparaissent.

 

Saison des Moustiques : Ça démarre avec les espèces hivernales

Les espèces hivernales de moustiques sont d’abord celles dont les larves sont mises en eau en Hiver et qui profitent des premiers radoucissements de températures. Cette année, l’hiver a été si doux que dans certaines régions dites sensibles, les traitements anti-larvaires ne se sont jamais arrêtés.

Autres moustiques précoces : les femelles adultes qui sont rentrées cet hiver dans les maisons pour se cacher dans un grenier et « hiverner » : celles-ci sortent dès les premières chaleurs de leur état de léthargie. Elles vont ensuite commencer à pondre et lancer la prochaine génération de moustiques.

Enfin, il existe un autre genre de moustique « précoce », comme les « culex pipiensmolestus », qui apparaissent plus tôt car ils sont « autogènes ». Principalement installés en milieu urbain, ils trouvent souvent leur repère dans un vide sanitaire (la présence de moustiques signale souvent un problème de plomberie !), et parviennent à se régénérer sans piquer. En effet, le milieu dans lequel ils restent confinés ne leur donne pas l’occasion de rencontrer des « hôtes » à sang chaud, et ils se nourrissent simplement des matières organiques qu’ils trouvent dans les eaux qui les entourent. Les larves issues de cette reproduction deviennent des adultes souvent très agressifs, qui piquent volontiers et fort.

 

Aurons-nous plus de moustiques cette année ?

Le cocktail explosif, c’est bien « beaucoup d’eau » puis « de la chaleur ».

Il a beaucoup plu cette hiver dans certaines régions de France (notammentsur la façade ouest du pays et du Sud-Est, alors que les précipitations sont restées très déficitaires de l’Hérault aux Pyrénées-Orientales ainsi que dans le Nord-Est», indique le bilan de Météo-France).  Dans ces régions très arrosées, enmilieu continental, cela occasionne bien-entendu de nombreuses retenues d’eau, lesquelles deviennent  potentiellement autant de gites larvaires. D’ici l’été, il peut bien sûr encore pleuvoir sur les autres régions ; les observations faites sur les années précédentes qui ont connu, comme cette année,  un hiver très doux, augureraient d’un printemps doux et orageux avec un mois de Mai sec et chaud. Mais encore une fois, ce ne sont que des prévisions.

Question chaleur, on sait que la prochaine génération de moustiques dépend de la mutation des larves, laquelle nécessite environ 10 jours de chaleur consécutifs, avec des températures de 23°C de jour, et 15°C minimum la nuit.

Cette donnée-là est évidemment encore incertaine et conditionne donc « l’aspect quantitatif de la saison des moustiques 2014 »….

Une chose est sûre : le fait que la saison démarre plus tôt constitue « mécaniquement »  un facteur de risque supplémentaire pour qu’il y ait plus de moustiques cette année, mais en aucun cas une certitude.

 

2014 : Une vigilance particulière sur les risques épidémiques liés aux moustiques

Cette année, la France devra être particulièrement vigilante sur les risques épidémiques liés aux moustiques, pour deux raisons :

1-la région des Antilles continue de connaître des épisodes épidémiques de dengue et de chikungunya assez significatifs, et ces virus commencent à se répandre en Amérique du Sud : Guyane, ….et bien-entendu le Brésil qui connaîtdes problèmes de moustiques importants et récurrents…

2-les échanges avec cette partie du monde vont connaître un pic inhabituel jusqu’à la coupe du monde de football (Juin, Juillet), et ce sont ces échanges qui nous apportent notamment « les cas importés » de virus comme la dengue ou le chikungunya.Chaque année, ce sont en effet plusieurs centaines de « cas importés » qui sont recensés en Métropole, et cette année risque donc de voir ce nombre sensiblement augmenter. Or, ce sont ces cas importés qui risquent ensuite de déclencher des « cas autochtones », c’est-à-dire des cas transmis en France : un moustique vecteur (comme le moustique tigre) pique un « cas importé », contracte le virus, et le recrache ensuite en piquant un nouvel « hôte » qui contracte à son tour le virus : il devient « un cas autochtone ». Au bout de deux cas autochtones liés géographiquement, on parle d’un foyer « épidémique ».

 

La France a mis en place un système de surveillance sanitaire dans le cadre du plan national anti-dissémination de la dengue et du chikungunya , qui prévoie dans 18 départements où le moustique tigre a été déclaré « implanté et actif » des dispositifs spécifiques de surveillance :

-sensibilisation des professionnels de santé et des laboratoires d’analyse

-déclaration et analyse accélérée des cas suspects (poussée brutale de fortes fièvres…)

-désinsectisation localisée autour des cas avérés,

-communication vers les populations concernées…

En 2013, la France a connu un « cas autochtone », déclaré dans les Bouches du Rhône.

 

Bilan de la saison des moustiques 2013

Le palmarès de nombre de cas déclarés en 2013 sur le site vigilance-moustiques fait apparaître 5 départements en haut du classement :

  1. La Gironde  et Les Bouches du Rhône (exæquo)
  2. Var
  3. Landes
  4. Alpes-Maritimes

 

Vigilance-moustiques : le 13 Mars 2014

 

Liste des 18 départements  où le moustique (tigre) représente officiellement une menace pour la santé de la population: Alpes de Haute Provence, Alpes Maritimes,  Ardèche, Aude, Bouches du Rhône, Corse du Nord et du Sud, Drôme, Gard, Gers, Gironde, Héraud, Isère,  Lot et Garonne, Pyrénées Orientales, Rhône, Var, Vaucluse.