A l’heure où la saison des moustiques bat son plein en France, et dans le monde entier, nous sommes en droit de se poser la question de comment s’en protéger ? Insecticides. Mais sont-ils vraiment efficaces contre ces petites bêtes ?
En effet, les moustiques se montrent de plus en plus résistants aux insecticides.
« Cette résistance concerne beaucoup d’espèces de moustiques, en particulier les espèces des pays tropicaux qui sont ciblés par la lutte antivectorielle au moyen d’insecticides chimiques », explique Jean-Philippe David, chercheur au CNRS qui a coordonné l’étude publiée ce jeudi dans la revue Genome research. Si la France métropolitaine est pour le moment à l’abri de ce phénomène de résistance, du fait de l’utilisation d’insecticides bactériologiques, la plupart des territoires d’outre-mer sont concernés.
Les insecticides à base de molécules chimiques, notamment ceux de la famille des pyréthrinoïdes, sont très utilisés en agriculture. Mais les moustiques ont eu le temps de s’y adapter.
Les chercheurs ont ainsi ciblé plus de 760 gènes qui seraient potentiellement impliqués dans la résistance aux insecticides. Ils ont démontré qu’une augmentation du nombre de copies des gènes codants pour ces enzymes provoque une hausse de l’activité de détoxification des moustiques. « Ces enzymes sont capables de casser des molécules chimiques, notamment les insecticides », précise Jean-Philippe David, chercheur au CNRS.
La lutte contre les moustiques risque donc de se compliquer : « Si l’on introduit de nouvelles molécules, on peut s’attendre à de nouvelles adaptations à plus ou moins long terme, explique le chercheur.
Il faudra au moins 10 à 15 ans pour développer des stratégies alternatives : les moustiques OGM posent des problèmes éthiques et ne sont pas encore utilisables à grande échelle, les insecticides biologiques coûtent cher et sont parfois difficiles à utiliser… En attendant, il faudra gérer la résistance par exemple en utilisant plusieurs sortes de molécules alternativement. » Un consortium de scientifiques, regroupant 40 pays et dix institutions, piloté par le CNRS et l’Institut de recherche pour le développement (IRD), vise aujourd’hui à établir la première cartographie mondiale des mécanismes de la résistance des moustiques aux insecticides afin d’adapter au mieux les stratégies de lutte.
source : 20minutes.fr