Le problème de la résistance des moustiques contre les insecticides se pose.
Le Centre National d’Expertise contre les Vecteurs vient de publier un rapport concernant ce problème, qui commence par ces mots : « Afin de garantir la pérennité des actions de lutte, il est indispensable de considérer que la gestion de la résistance (…) doit être systématiquement intégrée à toute politique de lutte contre les vecteurs ».
Pourquoi le problème de la résistance des moustiques se pose?
– Parce qu’on a constaté depuis quelques temps déjà la résistance métabolique des moustiques aux insecticides utilisés dans la lutte contre le paludisme par l’imprégnation de moustiquaires et la pulvérisation : le DDT et les pyréthrinoïdes. Certaines observations ont démontré une totale résistance aux 2 insecticides (les moustiques sont capables de forcer le passage à travers les mailles de la moustiquaire même imprégnées, sans mourir…), et remettent en cause les outils même de lutte à base d’insecticide.On a même découvert récemment la mutation génétique responsable de cette résistance : le gène GSTe2.
– Parce qu’on constate d’ores et déjà « des niveaux de résistance importants pour AEDES AEGYPTI (vecteur de la dengue et du chikungunya) dans les départements français d’Amérique, et de Culex Pipiens(vecteur potentiel du West Nile Virus) sur la plupart des territoires français », mentionne le rapport.
– Parce que pour le reste, l’état des lieux montre surtout « une connaissance parcellaire » (pour ne pas dire une méconnaissance) des niveaux de sensibilité de certaines populations de vecteurs, en particulier de l’AedesAlbopictus (moustique tigre), espèce pourtant particulièrement invasive…
– Parce que enfin, c’est l’ensemble de la famille des arthropodes qui pourrait être concernée, agressée par les insecticides issus de la lutte anti-vectorielle auxquels s’ajoutent ceux de l’agriculture intensive.
Le CNEV propose des solutions, et pose le problème du quasi-monopole du BTI
Le CNEV propose des solutions, et en particulier la combinaison ou l’alternance d’insecticides de familles différentes, mais pose aussi le problème du panel des insecticides disponibles pour la santé publique aujourd’hui. En effet, celui-ci a été réduit de manière drastique, au point de laisser le BTI en situation de quasi-monopole. Et si les vecteurs étudiés démontrent encore une sensibilité à cette substance, on peut craindre qu’ils développent contre elle cette résistance déjà enregistrée sur d’anciens insecticides abandonnés depuis.
A l’heure où les espèces vectorielles se multiplient en Europe, c’est l’ensemble de l’industrie qui est appelée à chercher de nouvelles solutions dans ce domaine ; le CNEV recommande aussi instamment aux acteurs publics d’accueillir favorablement les résultats de leur recherche.