Dengue, chikungunya, zika – les virus transmis par le moustique tigre

Les moustiques du genre Aedes
Les moustiques du genre Aedes sont connus pour être les vecteurs de trois maladies virales redoutables : la dengue, le chikungunya, le zika.
Aedes albopictus
Le moustique Aedes albopictus, plus connu sous le nom de moustique tigre, est originaire d’Asie du sud-est. Grâce au développement des transports mondiaux depuis quelques décennies, son aire de répartition n’a cessé de s’étendre et il est désormais implanté dans de nombreux pays, y compris en zone non-tropicale (le commerce international des pneus usagés, dans lesquels de l’eau stagne toujours, a été désigné comme l’un des principaux facteurs de la progression du moustique dans le monde).

En France métropolitaine, le moustique tigre a été détecté pour la première fois en 1999 en Normandie dans des zones de stockage de vieux pneus, d’où il avait été éradiqué. Depuis, il a réussi à s’établir durablement dans les Alpes-Maritimes (en 2004), en Haute-Corse (en 2006), en Corse du Sud (en 2007), dans le Var (en 2007), dans les Alpes de Haute-Provence (en 2010), dans les Bouches-du-Rhône (2010), dans l’Hérault, le Gard et le Vaucluse (en 2011). Dans ces départements, grâce à sa résistance aux températures basses et à sa capacité d’hibernation, l’Albopictus a su subsister et est désormais présent en permanence en période d’activité (de mai à novembre). Le moustique tigre est également détecté épisodiquement dans la région Rhône-Alpes (Rhône, Ain, Savoie, Isère, Drome, Ardèche), en Aquitaine (Gironde et Lot-et-Garonne) et dans le Languedoc-Roussillon (Pyrénées-Orientales et Aude). Dans les DOM, le moustique tigre a été détecté sur l’île de la Réunion et à Mayotte.
Le moustique tigre n’est pas dangereux en soi. Il ne peut transmettre la dengue ou le chikungunya que si ces maladies sont déjà présentes. Lorsqu’il pique une personne infectée, le moustique prélève le virus. A la piqûre suivante, il peut alors le transmettre à une personne saine.
Or chaque années, en métropole, plusieurs personnes rentrent d’un voyage dans les zones où sévissent ces maladies et sont infectées par un de ces virus. Ces cas importés, couplés à la présence d’un vecteur compétent (le moustique tigre) et de conditions climatiques et environnementales favorables, peuvent être à l’origine d’une transmission autochtone en France métropolitaine de ces virus exotiques.
Aedes Aegypti
Originaire d’Afrique, ce proche cousin du moustique tigre est désormais présent dans toutes les régions tropicales à travers le monde. On le retrouve en particulier dans les DOM (Guadeloupe, Martinique, Guyane, la Réunion et Mayotte) mais il n’est pas présent en France métropolitaine.
Le virus de la dengue
La dengue, ou « grippe tropicale », est une maladie virale qui sévit principalement dans la zone intertropicale, mais qui ne cesse de s’étendre et de gagner de nouvelle zones géographiques. A l’heure actuelle, les deux-cinquièmes de la population mondiale (2,5 milliards de personnes) sont exposés à cette maladie. Le virus responsable de la dengue est transmis à l’homme par la salive du moustique du genre Aedes. Ce virus existe sous quatre formes distinctes, appelées des « sérotypes ». L’infection par un sérotype donné confère une protection (ou immunité) prolongée contre ce sérotype mais n’offre aucune d’immunité contre les autres sérotypes. Une même personne peut donc développer la maladie plusieurs fois dans sa vie, si elle est exposée à plusieurs sérotypes.
La dengue « classique » se manifeste 2 à 7 jours après la piqûre infectieuse par l’apparition d’une forte fièvre souvent accompagnée de maux de tête, de nausées, de vomissements, de douleurs articulaires et musculaires et d’une éruption cutanée ressemblant à celle de la rougeole. Sous cette forme, la maladie évolue spontanément vers la guérison sans séquelle dans la majorité des cas. Dans environ 1% des cas (le plus souvent chez des enfants de moins de 15 ans), la maladie peut évoluer vers des formes extrêmement sévères : persistance de la fièvre, hémorragies multiples, atteintes viscérales. La guérison peut intervenir rapidement, mais sans prise en charge rapide, les enfants de moins de 15 ans notamment risquent la mort en quelques heures. A l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement préventif ou curatif de la dengue, ni de vaccin.
Le virus du chikungunya
Le mot « chikungunya » est d’origine africaine et signifie en swahili « celui qui marche courbé en avant », ce qui évoque les principaux symptômes de la maladie. La première épidémie due au virus chikungunya a été décrite en Tanzanie en 1952. Depuis la maladie a continué à évoluer sur un mode épidémique en Afrique, en Asie et dans l’Océan Indien. Elle a récemment fait son apparition en Europe.
Deux à 10 jours après la piqûre infectante, les premiers symptômes sont observés : très forte fièvre et polyarthrite aiguë (qui touche principalement les poignets et les chevilles, mais aussi les genoux, les articulations des mains et des pieds, plus rarement les hanches ou les épaules), pouvant déboucher sur des arthrites inflammatoires. Cette atteinte articulaire est souvent associée à des maux de tête, des douleurs musculaires importantes, et une éruption cutanée sur le tronc et les membres. Parfois une polyadénopathie cervicale, une conjonctivite et des hémorragies mineures sont observées. L’épidémie survenue à la Réunion a montré l’existence de formes neurologiques graves : des méningo-encéphalites et polyradiculonévrites, décrites principalement chez des personnes âgées et des nouveau-nés. La prise en charge médicale est purement symptomatique et l’évolution de la maladie se fait habituellement vers une amélioration rapide avec la disparition de tous les symptômes en quelques semaines
Le virus zika
Apparu en France plus récemment, ses symptômes sont proches de ceux de la dengue et souvent, il est asymptomatique ou bénin. en revanche, il peut avoir de graves conséquences sur le foetus s’il est transmis à une femme enceinte: la microcéphalie, une malformation sévère responsable d’un retard mental irréversible.